Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne,
Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t’aime d’autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.
Je m’avance à l’attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un choeur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle !
Jusqu’à cette froideur par où tu m’es plus belle !
Le poème “Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne” est une déclaration paradoxale.
Il est classé dans le recueil des Fleurs du Mal, entre La Chevelure et Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle. Baudelaire montre ce que la femme provoque alternativement en lui, attirance et méfiance.
La dualité est forte ici et marquée par des champs lexicaux opposés :
Je t’adore/ t’aime/je chéris
belle/bête implacable et cruelle/tu n’es plus belle
L’érotisme suggestif: Je m’avance à l’attaque et je grimpe aux assauts …
Et après le feu, le froid : qui me séparent/cette froideur
Et ces évocations troubles : comme après un cadavre un chœur de vermisseaux
Toujours entre spleen et idéal, entre l’attirance sensuelle et le côté maléfique de la femme fatale, le poète propose des évocations troubles : amour et mort.
Ces vers s’adressaient peut-être à Marie Daubrun, jeune et belle comédienne, aux “cheveux d’or”, aux “mystérieux yeux verts” et aux “plantureuses épaules”, que le 18 août 1847, Baudelaire avait vue, débutant sur la scène du théâtre de la Porte Saint-Martin, et dont il s’éprit, semblant chercher en elle l’oubli de ses précédents tourments amoureux.
Sources : Wikipedia, Bacdefrançais.net, Commentairecompose.fr
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